Le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée la Durance (SMAVD) gère la rivière sur près de 230 kms, de l’aval du barrage de Serre-Ponçon à la confluence avec le Rhône. Il regroupe 78 communes et communautés de communes, ainsi que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et les départements de Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes. Sa finalité est de concilier les activités humaines et la gestion écologique de dynamique fluviale. La Durance jadis classée comme flottable, appartient de ce fait à l’Etat : c’est le Domaine Public Fluvial (DPF). L’entretien des bords de Durance, classés au titre des sites Natura 2000, repose sur une concertation entre tous les acteurs. A ce titre, le SMAVD avait déjà contacté et rencontré des éleveurs et organisé le retour de plusieurs d’entre eux. Afin d’engager plus largement l’élevage, il était utile de recenser tous les éleveurs utilisateurs actuels ou potentiels, d’analyser leurs pratiques, leurs demandes éventuelles et de faire des propositions d’action permettant d’engager des projets localisés. Le SAMVD a donc confié au CERPAM la réalisation d’une expertise sur la basse Durance de la Clue de Mirabeau à la confluence du Rhône financée en partie par le Conseil régional au titre des Plans d’Orientation Pastoraux Intercommunaux.
L’étude réalisée à l’automne 2017 a été rendue au mois de mars 2018. La Durance forme un milieu pastoral très singulier, tout en longueur, sujet à des crues, avec une végétation d’une grande originalité entre bancs de graviers plus ou moins végétalisés, terrasses de bordure plus ou moins embroussaillées, iscles boisées. L’alimentation en eau induit une forte dynamique ligneuse qu’il s’agit de contrôler pour assurer le flux des eaux en crue. Au-delà, des prairies, restoubles et collines complètent des quartiers de pâturage plus conséquents et moins imprévisibles pour l’éleveur. Un dispositif de sûreté a été mis en place avec EDF signalant les lâchers d’eau.
L’enquête a recensé dix éleveurs utilisateurs, deux anciens éleveurs, trois candidats. Ils conduisent au pâturage 7300 brebis et une centaine de chèvres avec quelques ânes et chevaux. La pratique du gardiennage est généralisée. Ils pâturent la Durance au printemps et à l’automne pour des durées très variables par éleveur et selon les années (de quelques jours à 2-3 mois par saison). Mais l’absence de dispositions conventionnelles ainsi que la réduction des accès motorisés ou pour le troupeau, peuvent contraindre ou précariser la pratique pastorale sur des milieux à très forte variabilité de ressource. Ce travail permettra de consolider la contractualisation avec les gestionnaires et les propriétaires avoisinants, de créer ou améliorer quelques accès, de prévoir des débroussaillements facilitant le pâturage, enfin d’organiser une information pour le grand public pour mettre en valeur le pâturage de la Durance. Au moins n’est-il pas nécessaire de prévoir l’abreuvement des animaux !