CHIENS DE PROTECTION
Quand les éleveurs forgent leurs savoirs dans les Alpes
Réalisation des enquêtes et rédaction :
Fabien Candy – ADEM, Bruno Caraguel – FAI, Jean-Marie Davoine – FAI, Sabine Débit – CERPAM, Laurent Garde – CERPAM, Sylvain Golé – CERPAM, Marie Gontier – CERPAM, Antoine Rouillon – SEA 74, Clément Teppaz – SEA 73, Pascal Thavaud – CERPAM, Simon Vieux – CERPAM
Avec la collaboration de : François Meyer – CPT CH, Ueli Pfister – CPT CH
Résumé : Dix-sept enquêtes auprès d’éleveurs expérimentés alpins ayant pour la plupart entre dix et trente ans d’expérience avec les chiens de protection et reconnus à ce titre par leurs pairs ; 40 heures d’enregistrement, 450 pages de retranscriptions et un traitement thématique de l’information obtenue ; un partenariat avec l’Association Chiens de protection Suisse. Tels sont les moyens engagés par les services pastoraux de l’Arc alpin pour consolider les connaissances sur les chiens de protection. Dans les Alpes françaises en effet, c’est pour faire face à 72 meutes de loups que les éleveurs mobilisent des Montagnes des Pyrénées, des Abruzzes, des Anatolie et d’autres races. Cette rude confrontation les a poussés à rechercher les savoirs existants dans de multiples directions, à tester différentes façons de faire, à corriger sans cesse leurs pratiques confrontées à la réalité de terrain aussi. Education et introduction des chiens, gestion de la meute de chiens au travail, confrontation avec les usagers de la montagne, sont les principaux thèmes traités. A travers la diversité des expériences, des points de vue et des pratiques, c’est un véritable ensemble de savoirs innovants pour un Massif alpin sans loups et quasiment sans chiens il y a encore 27 ans qui émerge ici. Ce travail ne doit pas être considéré comme l’énoncé d’une doctrine ni comme un mode d’emploi du chien. Ces savoirs en construction sont encore imparfaits et se peaufinent sans cesse sous la pression de la réalité. Les services pastoraux alpins n’ont d’autre ambition que de les mettre à disposition de tous les acteurs intéressés ou concernés par l’impérieuse nécessité de protéger les troupeaux quand les loups s’installent en meutes nombreuses. Ils tiennent à remercier le CGET pour leur avoir fourni les moyens financiers de ce travail au travers de la CIMA.
Élevage et loups en France :
historique, bilan et pistes de solution
M. MEURET, L. GARDE, C.-H. MOULIN, M.-O. NOZIÈRES-PETIT, M. VINCENT
Résumé :
Vingt-cinq ans après leur arrivée en France, les loups sont régulièrement ou épisodiquement présents dans plus de 30 départements, avec 57 zones de présence permanente. Depuis 2008, la progression interannuelle des animaux d’élevage retrouvés prédatés (ovins, caprins, bovins, équins…) est linaire, avoisinant les 12 000 en 2017. Il faut y ajouter les animaux disparus et les dégâts indirects : stress à effet durable, avortements, blessures internes et baisse de fertilité. La France a pourtant mis en oeuvre et généralisé depuis 2004 une protection élaborée des troupeaux : présence humaine renforcée, chiens de protection et parcs de nuit électrifiés. Comment expliquer alors cet échec ? Il y a deux principales raisons. D’abord, les paysages composés de prairies, pelouses, haies, lisières et sous-bois, favorisent la prédation. Mais surtout, les loups se sont adaptés. Très intelligents et opportunistes, ils profitent en France de leur statut légal de protection stricte, n’associant visiblement plus les troupeaux aux humains et les humains au danger. Face à des troupeaux regroupés en parc de nuit, ils opèrent la moitié de leurs attaques en cours de journée, y compris en présence de chiens et d’humains. Dans les pays où les humains sont autorisés à défendre les troupeaux activement et promptement, y compris par des tirs létaux, les loups se tiennent plus à distance et les pertes d’élevage sont bien moindres. Sans une régulation ciblée des loups en fonction de leur comportement vis-à-vis des troupeaux, c’est la viabilité de nos élevages de plein air qui est profondément remise en question.
Présentation des valeurs fourragères et sociétales des parcours méditerranéens et des montagnes du Sud
Le 1er mars 2018 à Paris, le CERPAM a présenté à la demande du Ministère de l’Agriculture les spécificités du parcours méditerranéens à une importante délégation de la DG-Agri de la Commission Européenne. Etaient notamment présents le Directeur de la DG-Agri, la Directrice-Adjointe, ainsi qu’une quinzaine de responsables d’Unités.
Sur parcours et alpages
La tournée de fin de pâturage évalue au moyen d’une grille d’observation visuelle le niveau de prélèvement après pâturage. Elle s’applique à l’échelle d’une unité de gestion pastorale : quartier de pâturage en gardiennage ; ou parc clôturé. Elle est réalisée après la séquence principale d’alimentation du troupeau et avant repousse de l’herbe. Elle peut aussi s’appliquer après la dernière séquence de pâturage ; apprécier au cas par cas.
En région méditerranéenne, la tournée de fin de pâturage se réaliser souvent en fin de printemps ; en fin d’automne pour des pâturages à fonction principale d’automne ; en fin d’hiver (avant repousse) pour des pâturages hivernaux.
En alpage, la tournée de fin d’estive se fait à la redescente des animaux.
Les régions naturelles « Montagne sèche » et « Plaines, plateaux et collines secs » couvrent la totalité des Régions administratives Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon, et Corse, ainsi qu’une partie de Midi-Pyrénées (surtout Lot, Aveyron) et Rhône-Alpes (Drôme, Ardèche). Il n’est pas possible de tracer une frontière précise entre ces deux régions naturelles, d’abord définies par la distance au littoral méditerranéen et par l’altitude : si les plaines et collines du littoral relèvent clairement de la région naturelle « Plaines, plateaux et collines secs », si la montagne alpine et pyrénéenne relèvent clairement de la région naturelle « Montagne sèche », toute la zone intermédiaire de l’arrière-pays alpin, pyrénéen et du Massif Central Sud, piémonts, coteaux, plateaux, présentent une large interpénétration des caractères de ces deux régions naturelles. De plus, l’élevage pastoral se caractérise aussi par sa mobilité qui amène le troupeau d’un même éleveur à valoriser des milieux naturels très divers relevant de ces deux régions naturelles.
Ce texte présente donc les connaissances acquises sur la consommation des ligneux et la valorisation des sous-bois dans ces deux régions naturelles, que l’influence du climat méditerranéen rapproche et que la bibliographie ne distingue généralement pas. Les informations seront rattachées autant que faire se peut à la région géographique concernée, ce qui permettra souvent de préciser leur caractère plus « méditerranéen » ou « montagnard sec ».