L’année 2019 est terminée. Au niveau mondial c’est la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée : une nouvelle manifestation du changement climatique en cours. Et en France, les 46° ont été atteints…

Mais comment s’est passé l’année 2019 dans nos alpages ?

Alpage du Longet (2500 m), Saint Paul sur Ubaye, le 07 Août 2019

Cela peut sembler paradoxal, mais le printemps a tardé. Le mois de mai ayant été frais, l’herbe a démarré tard. Puis une canicule intense se manifeste la dernière semaine de juin, accélérant le cycle phénologique des espèces au détriment de la quantité de fourrage disponible au pâturage : on a pu craindre le pire pour la saison d’estive qui démarrait à peine. A l’est et au sud de la région, des pluies bienvenues en juillet ont sauvé l’herbe. Mais les montagnes situées plus à l’ouest et plus au nord ont souffert de la sécheresse. Au mois d’août, la chaleur et la sécheresse sévissent, tout dépend des orages localisés qui assurent un bon maintien de l’herbe là où ils ont lieu.

Le mois de septembre est à nouveau très sec, sauf sur le sud des Alpes-de-Haute-Provence : une fin d’estive difficile à passer… d’autant que nombre d’éleveurs ne sont pas pressés de redescendre en bas où l’herbe manque…

Rappelons que l’automne a été très chaud par rapport à la moyenne, et que les pluies sont arrivées tard en saison. Elles ont alors été diluviennes… 

Comment les bergers ont géré cette saison d’estive climatique compliquée ?

Alpage du Cheval-Blanc, 2300 m, Thorame-Basse, 18 août 2019

Sur les alpages à flux tendus, les marges de manœuvre étaient maigres et certains troupeaux sont descendus plus tôt. Pour passer une telle saison dans de bonnes conditions, il faut un peu de large et surtout une bonne alimentation du troupeau en eau. Si elles avaient de quoi boire, les brebis se sont montrées capables de valoriser une herbe épiée et jaune et sont redescendus en très bon état ! Pour cela, il faut que les bergers aient les outils de leur gestion : points d’abreuvement pour encourager le pâturage d’herbe sèche et cabanes pour éviter des circuits trop longs aux animaux qu’il est devenu nécessaire de ramener le soir en parcs de nuit. Le manque d’équipements structurants devient la contrainte qui limite la capacité d’adaptation au changement climatique.

Et l’existence de quartiers boisés en alpage s’est avérée, aussi, particulièrement précieuse : l’herbe y a beaucoup moins séché sous les mélèzes…

Au total, 2019 en alpage aura été une année difficile, surtout dans les Hautes-Alpes, sans être catastrophique pour autant. Les éleveurs s’interrogent fortement sur les effets du changement climatique : apprendre à faire avec une herbe moins abondante, ou plus épiée, ou plus sèche. L’adaptation au changement climatique diminue les marges de manœuvre disponibles, nécessaires aussi pour gérer les autres contraintes qui pèsent sur les éleveurs, et en premier lieu les loups.