Loup, Elevage
Le point technique sur 4 années de recherche sur les systèmes d’élevage en montagnes méditerranéennes confrontés à la prédation. Cet ouvrage est le fruit d’une action de recherche-développement menée pendant 4 ans par les structures pastorales rassemblées au sein de l’Unité Commune de Programme Pastoralisme Méditerranéen : le CERPAM (Centre d’Etude et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée) pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le SIME / SUAMME (Service d’Utilité Agricole Montagne Méditerranéenne Elevage) pour la région Languedoc-Roussillon, et l’IE (Institut de l’Elevage) au niveau national. Les travaux ont étroitement associé l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), l’OREAM (Organisation Régionale de l’Elevage Alpes Méditerranée), l’ENITAC (Ecole Nationale d’Ingénieurs des Travaux Agricoles de Clermont-Ferrand) ainsi que l’équipe de techniciens en charge de la protection des troupeaux relevant des DDAF (Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt) ou de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) dans les différents départements de l’arc alpin. Les travaux ont enfin associé plusieurs Parcs naturels régionaux. Fruit de ce partenariat, le présent ouvrage a pour ambition de faire émerger le « consensus technique » actuel des structures techniques et scientifiques de l’élevage sur la question de la confrontation de l’élevage pastoral aux risques et contraintes que représente pour lui l’expansion rapide d’une population de loups nouvelle. A travers des approches diverses et complémentaires, les analyses convergent ainsi vers la mise en évidence de contradictions plus ou moins difficiles à gérer entre, d’un côté la mise en œuvre d’itinéraires techniques de protection des troupeaux, et de l’autre le maintien d’une bonne gestion pastorale assurant tout à la fois un état satisfaisant des animaux et du milieu naturel. Dès lors, il ne s’agit pas de prêcher la conversion des éleveurs à une « cohabitation » passant par une « acceptation du loup », il s’agit bien plus prosaïquement de travailler avec eux à rechercher le meilleur compromis entre gestion pastorale et protection des troupeaux. Ce compromis, malgré un fort alourdissement en travail, reste toujours imparfait sur l’un ou l’autre terme. Chaque éleveur ajuste sa gestion du risque-loup à sa situation particulière, de façon évolutive en fonction des attaques. L’expérience ainsi acquise au fil des ans construit une véritable compétence-loup chez les éleveurs et les bergers en face de laquelle la politique publique de protection des troupeaux, aussi nécessaire soit-elle, apparaît comme un cadre souvent trop rigide d’engagement administratif. Diversifier les itinéraires techniques de protection et travailler sur l’adaptation des systèmes d’élevage à la contrainte-loup sont les véritables défis que doivent relever ensemble les structures d’élevage et l’administration. Pour autant, la présence du loup dans l’arc alpin laisse ouverte deux questions majeures concernant, d’une part, la capacité d’adaptation et l’évolution de l’élevage de montagne, et d’autre part, la dégradation de l’espace pastoral montagnard liée aux difficultés accrues de gestion.